Les Amants de juliette doc 050 presse |
Les revoilà ces trois Amants de Juliette : titre d’album, nom de groupe et personnel à l’identique de leur premier enregistrement en 1994. Après Juliette I, Juliette II. L’illustration de la pochette – deux oreilles, teintes sépia, sur fond blanc est à nouveau de Nicolas Simonin. Texte informatif, direct. On trouve là onze morceaux, dont deux sont extraits de la musique improvisée en direct sur les images – comme pour Ascenseur pour l’échafaud – du Rêve de l’acrobate de François Rosolato. Voilà qui souligne la notion de durée, de persistance dans cette réunion de Serge Adam, Benoît Delbecq et Philippe Foch. Trois musiciens, feux follets courant divers projets, qui, lorsqu’ils se retrouvent sont sûrs d’eux-mêmes et leur musique commune. Cela s’entend : Adam, trompette (en solo dans Sur le fil), croisant Don Cheerry et Miles Davis (rien que ça . oui !), Delbecq, piano (en solo pour Ancona), parfois préparé (plumes, métal, bois, plastiques), créateurs d’abstractions musicales, Foch, percussionniste, joueur de tablas (en solo sur Arlaya), joueur de cithare, détenteur de secrets d’ateliers. Trois niveaux, trois registres, combinés pour ne faire qu’un. On peut penser au Miles des années électrique, celui d’ »In a Silent Way » (par exemple dans Quai n°3) comme à une filiation avec les tentations trip hop ambiant que le jazz pratique ces derniers temps ; Et dans le genre c’est totalement réussi, grâce à des entrelacs parfaitement ciselés. Chaque morceau développe ce qu’il faut d’idée (un rythme, une gamme, un climat), composition autonome pouvant aussi s’agréger à un ensemble qui connaît peu de faiblesses. Enfin, le trio amène une émotion dans ses intentions et une expressivité musicale, ce qui faisait parfois défaut à son premier disque. Sylvain Siclier |
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JAZZOSPHERES juillet 1998 |
La pochette de l’album dûe encore une fois à Nicolas Simonin fait apparaître deux dessins représentant chacun une oreille, accrochées par quatre clous à un mur blanc fictif. Ce dépouillement – absence de liner notes, informations techniques réduites à leur strict minimum – vise à l’essentiel, l’écoute de la musique et quelle musique ! Conduit par un Serge Adam bouleversant, Benoît Delbecq au piano préparé et Philippe Foch aux percussions se livrent à un exercice de style particulièrement réussi. Faisant alterner solos – Serge dans le morceau Sur le fil, Benoît sur Ancona et Philippe sur Arlaya – musiques improvisées sur les images du film de François Rosolato, le rêve de l’acrobate, enfin titres travaillés et joués pour le trio, les trois musiciens démontrent toute l’efficacité de cette formation créée il y a maintenant presque cinq ans. Si la fraîcheur et les couleurs exotiques avaient séduit sur le premier enregistrement paru en 1994 sur le label de Serge Adam, c’est la maîtrise et l’exigence technique qui transparaissent dans le jeu des trois musiciens qui sont à souligner ici. Benoît Delbecq fait la preuve de sa parfaite virtuosité au piano préparé, utilisé parfois par certains musiciens de façon simplement anecdotique dans le jeu. Philippe Foch aux percussions mais aussi aux tablas, à la cithare et à la flûte, apporte les couleurs essentielles à cette musique fraîche tandis que Serge Adam donne toute sa sensibilité à la musique et se rapproche de quelques-uns des grands maîtres du passé. Les Amants de Juliette est une formation indispensable de la scène française par la musique en perpétuelle évolution qu’elle produit, par la recherche constante d’effets et de sonorités neuves. Mathieu Jouan. |
Oui, le jazz peut encore être autre chose qu’un art de perroquets néoboppers. A preuve ce disque formidablement intelligent du trompettiste Serge Adam, du percussionniste multi-instrumentiste Philippe Foch et du formidable Benoît Delbecq, pianiste »johncagien » (piano préparé) mais aussi rigoureux poète du sampler. On est au carrefour du jazz, des musiques extra-européennes et électroniques. Mais il suffit d’écouter « transmixes » pour mesurer ce qui sépare ce trio des gentils bricolages « climateux » du « technojazz ». Bernard Loupias |
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Autres Musiques Chroniques 1998 |
Nouveauté se situant résolument hors des sentiers battus, le trio formé par Serge Adam (trompette), Benoît Delbecq (piano, piano préparé, sampling) et Philippe Foch (tablas, percussions, cithare, flûte, voix) signe un deuxième album qui, quatre ans après le précédent opus, a indéniablement gagné en maturité. Sans doute le parcours de chacun des trois musiciens s'est-il enrichi d'expériences qui ont permis le développement et l'affirmation de leurs langages respectifs. On retrouve donc sur Les amants de Juliette les principes fondateurs de leur premier enregistrement; à savoir une écriture d'ensemble basée sur un enchevêtrement subtil entre percussions et piano préparé, créant un véritable rythmique sur lequel la trompette peut se mouvoir à sa guise. Démarche déjà originale, empreinte du passionnant travail de recherche du pianiste sur les " poly-vitesse ", qui engendrait alors un " tissu " qui respire mieux, c'est le projet dans son ensemble qui gagne en souplesse, voire en légèreté - impression renforcée par le haut niveau d'interaction et la vivacité des " dialogues " entre les musiciens. Et avec l'utilisation neuve et prometteuse du sampling, associée à un éventail de couleurs élargi chez chacun, le " tissu " se trouve agrémenté de motifs et de reliefs qui donnent à la musique une profondeur, une variété de climats nouvelle propice aux développements mélodiques du trompettiste. S'il utilise certains éléments propres au jazz (place pour l'improvisation, phrasés, placements rythmiques...), ce trio à l'architecture originale parvient à dépasser le cadre classique de cette musique en y instillant une approche rythmique riche et différente, qui est autant source d'atmosphères inédites que soutien attentif au soliste. Olivier Gasnier |
Une musique libre et pulsative Mercredi soir au centre socioculturel, dans le cadre de Hot marne Jazz, les « amants de Juliette » avaient choisi d’entreprendre un voyage musical hors du commun. Les auditeurs peu nombreux se sont trouvés au carrefour du jazz, des rythmes extra européens et électroniques. Déconcertant et délirant. Le techno-jazz est arrivé sur la cité…par la petite porte il est vrai car les mélomanes se faisaient rares mais l’essentiel est là : un trio de gentils « bricoleurs » a mis le feu aux poudres en sortant incontestablement des sentiers battus. Le jazz de la Nouvelle Orléans a su grandir, s’exporter et se décline désormais de façon radicalement différente selon les souhaits des trois musiciens feux follets Serge Adam à la trompette, Benoît Delbecq au piano et Philippe Foch aux percussions et tablas. Libres comme l’air dans une ère où selon leurs dires « chaque genre musical ressemble à une prison », ils innovent avec une musique qui ressemble (de près ou de loin) à du jazz et qui se veut tout à la fois méditative, songeuse, hésitante. Tout semble à la fois solide et instable. Dérangeant en diable ! Un côté intemporel Ils ont navigué à vue entre l’Asie, l’Inde et l’Afrique. Sans bouée et sans canards. Ces trois compositeurs ont défendu un travail collectif où Serge Adam croise toutefois Miles Davis, où Benoît Delbecq trafique les cordes du piano de mille mirlitons parasitaires (des gommes, des bouts de bois, acier…) et durant lesquels Philippe Foch met à vif ses paumes et doigts sur les percussions. Ensuite, il suffit d’écouter un rythme, des climats… Chacun se conte intérieurement sa petite histoire mélodique, s’imagine des images. Ils l’affirment : « en improvisant, nous essayons de faire passer un état d’âme » expliquait après le concert Serge Adam, « c’est une invitation perpétuelle à voyager et à partager un imaginaire ». Ces trois là auraient voulu éveiller notre curiosité qu’ils ne se s’y seraient pas pris autrement ! Ils ont choisi une réelle liberté musicale et ne produisent jamais un concert identique. Au quart de croche et au soupir près… Sylvie Baudot |
L'UNION octobre 1998 |
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Mai 1998 |
Je ne les connais pas mais je les aime déjà. De là à … En attendant, écoutez ces trois « défreecheurs » de sentiers battus. Libres comme l’air dans une ère où chaque genre musical ressemble à une prison. Ces amants ne jouent-ils amoureux que du jazz ? Oui. Non. Leur musique ressemble t-elle toujours à du jazz ? Non. Oui. Méditative, songeuse, hésitante, agitée par une sourde pulsation venue d’un ailleurs qui n’et autre que la combinaison de leurs cultures respectives, elle vibre à chaque instant, trouve sa force dans une manière d’insécurité, calculée au quart de croche et au soupir près. Tout semble à la fois instable et solide. Implacable. De clichés (groom, funky, free, post tout ce que vous voulez), jamais ! D’images, tout le temps ! Alors, entre le piano préparé (habité de mille mirlitons parasiteurs) de Delbecq, la trompette géométrique d’Adam et les percussions à vif de Foch, faites-vous votre film : vous serez moins nombreux à l’avoir vu que Titanic, mais vous en apprécierez d’autant plus le charme discret. Juliette Barnel | ||
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