Les Amants de juliette #4 doc 072 press |
November 2005 ****Extraterritorial |
Sobrement intitulé « #4 », ce nouvel opus des Amants de Juliette contient un CD audio et un CD DTS 5.1, bonus un peu frustrant pour qui possèdent une platine CD médiévale. Mais passons car, pour ce qui est du contenu, nulle frustration en vue : le trio creuse et poursuit l’exploration d’inextricables ramifications musicales nichées au creux d’un jazz ouvert sur les musiques extra-européennes et indiennes en particulier. Ils ont pour eux la texture et l’épaisseur de compositions aux airs faussement dépouillés (Le Même Jour, Hémisphère, La Paz), une expertise dans la concertation et l’équilibre des arrangements qui confère à l’ensemble du disque une délicieuse apesanteur. Les phrasés en suspens de Serge Adam s’adonnent à un tissage syntaxique des plus audacieux avec ceux du piano tandis que les tablas poursuivent un impressionnant travail polyrythmique. Plus ethnique mais tout aussi aérien que le Brian Eno de « Fourth World Possible Music » avec Jon Hassel, « Les Amants de Juliette #4 » est aussi un (grand) disque de jazz : le trio y déploie une sensibilité exacerbée envers la sonorité et la matière ainsi qu’un sixième sens de la composition. |
Il y a une douzaine d'années que Les Amants de Juliette explorent de nouveaux territoires à la recherche de sonorités inédites où le jazz au sens le plus large du terme se retrouve sur les mêmes pistes que des percussions à connotations parfois africaines. Trompettiste émérite, Serge Adam se voit accompagné une nouvelle fois par les pianos de Benoît Delbecq et par les tablas et percussions de Philippe Floch pour le quatrième volume de cette aventure extra-conjugale qui tient toujours les mélomanes en éveil depuis tout ce temps … Revenu d'Amérique du Sud où il avait donné une tournée durant cinq semaines, le trio s'est très vite attelé à la tache et nous a sorti un nouvel opus de derrière les fagots particulièrement marqué par ce périple. Saccadé à souhait, l'album laisse la part belle à des tribulations ethniques que seule la trompette vient dompter pour leur donner une petite touche de culture occidentale. Enregistré sur une période de plus d'un semestre, le quatrième tome des aventures des Amants de Juliette a sur conserver une certaine spontanéité et ne pas sombrer dans un perfectionnisme qui aurait pu à la fin lasser. On retrouvera sur le morceau de plastique argenté les plus grandes capitales sud-américaines, de " La Paz " à " Bogota ", le tout se voyant ponctué d'un véritable hymne dédié à ce très cher " Hémisphère sud ". On signalera enfin que comme toutes les sorties récentes du label Quoi De Neuf Docteur, le digipack contient deux versions identiques du même album, la première en CD audio, la seconde en CD DTS 5.1. Une dédicace à tous les fondus de sons à qui la compression casse les oreilles … |
ZICAZINE |
|
Depuis 1993, les amants de Juliette explorent et inventent de nouveaux territoires imaginaires et proposent ici leur quatrième opus enregistré après une tournée exceptionnelle de cinq semaines en Amérique du sud en octobre 2004. Nos trois comparses Adam, Delbecq et Foch dévoilent cette fois-ci des paysages plus mélodiques que jamais et nous proposent une grande variété d’univers et d’harmonies. Benoît Delbecq, compositeur, mixeur et producteur né en 1966, est le leader incontestable de ce trio. Il est l’une des nouvelles voix de la scène créative du jazz en France qui s’est développée depuis 1990 autour du club Les Instants Chavirés, à Montreuil-sous-Bois. Outre plusieurs participations dans diverses formations comme Ambitronix du collectif HASK, Benoît Delbecq dirige son propre quartet : Paintings. Connu pour ses pianos préparés aux sonorités sans cesse renouvelées, il nous propose avec Les amants de Juliette #4 une grande diversité des modes de jeu, où la complémentarité entre les trois musiciens, exprime parfaitement l'apport thématique de chacun dans une grande complicité. Il est rare de tomber sur un disque d’une telle densité. A ne manquer sous aucun prétexte, qu’on se le dise ! Philippe Gimet |
Poursuivant pour la quatrième fois leur colloque à trois, Benoît Delbecq, Serge Adam et Philippe Foch livrent un nouvel opus des bien-nommés Amants de Juliette. Une fois encore, il s’agit de mettre en place et faire vivre ce triangle mouvant à plus de trois côtés, sans angles et pour ainsi dire sans géométrie : la musique des Amants de Juliette est rigoureuse, intériorisée, abstraite parfois, elle est surtout vive et ne s’accomode d’aucun esprit de sytème, en dépit des épures proposés sur cet opus #4. Au piano et au piano préparé, Benoît Delbecq conduit des phrases souples où se lit tout un itinéraire de pianiste entre jazz et musique savante (Bogota, Le même jour) ; aux percussions et aux tablas, Philippe Foch, déploie un jeu entre souplesse, discrétion, silence et pulsation affolée ; entre un retrait parfois quasi total et une affirmation du rythme, il recherche surtout la nuance, l’équilibre juste, la suspension (Hémisphère Sud) ; à la trompette, Serge Adam se met en quête d’hypnotismes ondulatoires et de fragments de transe pacifiée (Inca’s Dream, La Paz). Composée au retour d’une tournée en Amérique du Sud, la musique que le trio donne ici résonne de l’amplitude des terres parcourues. Comme souvent avec Benoît Delbecq, la musique se charge au fil de sa durée de toute une géographie mentale, souvenir de terres lointaines et visions fantasmées d’un Sud volontiers mythique (Inca’s Dream, La Hunca de la Luna), toujours enchanteur (La Paz, Sorocho). Des langages lointains et oubliés à la notation toute personnelle inventée par le pianiste pour écrire sa musique (des dessins fluides et abstraits, entre idéogrammes japonais et petites méidosems de Henri Michaux), il n’y a qu’un pas, que la musique manifeste ici, qu’elle effectue et qu’elle leste de fantaisie, d’un farfelu mystérieux. On ne dira jamais assez la beauté et la singularité de cette musique avant tout formée de méditations d’une surprenante densité ; ces Amants-là, derrière leur nom à la jeunesse impétueuse, convient l’auditeur à partager quelques moments de la solitude intérieure dont naissent ces neufs compositions ; solitude intérieure, solitude à trois tant la recherche de complémentarité est évidente ici. Incontestablement, l’amour est là qui lie les musiciens à leur musique et les engage à poursuivre sur un fil dont la ténuité fait la qualité particulière. Musique épurée, mais sans minimalisme, cet opus #4 des Amants de Juliette est le conciliabule insolite et hautement recommandé de musiciens inspirés. Chroniqué par Mathias |
Infratunes |
Novembre 2005 |
JAZZHOT |